Les avantages de l’ambulatoire

08 mars 2019 | commentaire(s) |

Daniel Volken

Un séjour à l’hôpital, c’est rarement une cure de jouvence. Qui aime se promener toute la journée en petite chemise à la coupe douteuse ? Pourtant, nous sommes parfois hospitalisés sans que ce ne soit absolument nécessaire. Certaines opérations ont évolué, grâce à la technologie notamment, et sont aujourd’hui réalisables en ambulatoire. Mais est-ce toujours fait ainsi et quelle est la meilleure solution pour les patients ?

L’ambulatoire : des avantages multiples !

L’ambulatoire c’est rentrer rapidement à la maison, après une opération. Mais c’est aussi réduire les risques de contracter une infection nosocomiale en fuyant les vilaines petites bactéries qui arpentent les couloirs des établissements hospitaliers. On guérit mieux et plus vite chez soi. À l’inverse, le stationnaire implique une hospitalisation qui peut être nécessaire pour le suivi de certaines opérations. Mais grâce aux progrès de la médecine et aux nouvelles technologies, c’est moins souvent le cas.  

Pour le système de santé, l’ambulatoire présente également bien des avantages. L’entreprise PWC s’est penchée sur la question et sa conclusion est parlante : si 13 opérations étaient systématiquement réalisées en ambulatoire, l’économie sur les coûts de la santé s’élèverait à 251 millions de francs par année.

Alors pourquoi continue-t-on à être hospitalisés contre notre intérêt ?

À qui profite la prime ?

À choisir entre stationnaire et ambulatoire, nous avons avantage à opter pour la deuxième solution. Nos intérêts en tant que patient et en tant que payeur de prime, se rejoignent. Même si nous payons 2,3 fois plus cher,  le stationnaire garde largement la préférence des praticiens. C’est ici que nous retrouvons les mauvaises incitations, que nous avions rencontrées dans notre blog consacré à l’uniformisation du système de financement.  Comme l’ambulatoire et le stationnaire ne bénéficient pas du même traitement, en ce qui concerne leur rémunération et leur financement,  ça joue malheureusement un rôle dans la pratique.

  • La structure tarifaire : Une même opération n’est pas rémunérée de la même manière selon qu’elle soit effectuée en ambulatoire ou en stationnaire. Dans le premier cas, un tarif à l’acte est appliqué. Dans la seconde configuration, la rémunération obéit à un tarif forfaitaire. En plus, les diverses prestations hospitalières permettent de faire entrer en scène les assurances complémentaires. Pour les prestataires de services, opérer en stationnaire c’est donc recevoir une rémunération plus haute et la possibilité d’ajouter des prestations à la note finale.
  • Le financement : Tant que nos factures de soins sont réglées, nous ne nous soucions pas beaucoup de qui les paye. Pourtant, lorsque nous y regardons de plus près, ça prend tout de suite toute son importance. Actuellement, les cantons ne participent pas au financement du domaine ambulatoire. Ce sont les payeurs de primes, qui couvrent l’entier des frais dans ce domaine. L’équation comprend donc une nouvelle inconnue qui touche directement le porte-monnaie des patients. L’ambulatoire c’est mieux pour notre santé, c’est moins cher MAIS c’est complètement à la charge de l’assurance-maladie de base et ça se répercute sur les primes. Pour la même opération, mais réalisée en stationnaire, les cantons participeront à hauteur de 55% de l’addition. Est-ce vraiment un système juste ou faut-il le faire évoluer, pour le bien de tous ?

Et si nous partagions l’addition avec les cantons ?

Pour bien comprendre la problématique du financement de l’ambulatoire et du stationnaire, imaginons que nous mangions un repas avec un canton.
En prenant deux menus à l’emporter pour les déguster devant un bon film, ça nous coûterait 20 CHF. En mangeant sur place, l’addition serait 2,3 fois plus élevée et les deux menus nous reviendraient à 46 CHF.
Jusque-là, le choix semble simple...

Tout à coup, le canton nous dit que si nous mangeons sur place, il payera 55% du repas soit 25.30 CHF. Par contre, si nous choisissons de prendre les menus à l’emporter nous devrons payer tout seul.
Cette proposition ne semblerait ni équitable, ni logique. Par contre, le restaurateur nous encouragerait à s’asseoir à table, préférant encaisser 46 CHF pour son établissement plutôt que 20.

Si le canton décidait de participer de la même manière aux frais des menus, que nous mangions à la maison ou au restaurant, le choix serait pris uniquement dans l’intérêt du client :

  • Soit nous commandons une pizza et nous pouvons la prendre à l’emporter, pour bénéficier du confort de notre canapé et bien le digérer devant la télé.
  • Soit nous commandons une blanquette de veau et nous devons la manger sur place, pour éviter de tacher les sièges de la voiture et le canapé du salon.
Un financement uniforme permettrait de mettre sur pied d’égalité le financement des traitements ambulatoires et stationnaires et de réduire ainsi les mauvaises incitations. ​​​​​​​

Les listes cantonales

Depuis le 1er janvier 2019, l’ordonnance sur la prestation des soins a été adaptée par le Département Fédéral de l’Intérieur. Cette ordonnance oblige à traiter 6 groupes d’interventions uniquement en ambulatoire pour être remboursés par l’assurance de base. Cette nouvelle directive est plutôt une bonne nouvelle mais le transfert du stationnaire vers l’ambulatoire ne peut se faire de manière efficace qu’uniquement grâce à une uniformisation du financement. En introduisant un financement uniforme, avec une participation cantonale basée sur les coûts effectifs, ainsi qu’une régularisation des tarifs par des forfaits, le passage du stationnaire à l’ambulatoire pourra se faire de manière naturelle, avec pour seuls motifs la réalité médicale et le confort du patient.

Daniel Volken

A propos de l’auteur

Daniel Volken

Directeur adjoint, Secrétariat général

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